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mercredi 5 août 2015

LE CADRE REGLEMENTAIRE DES ALGUES

Comme tout produit alimentaire, les algues n’échappent pas à la réglementation malgré que celle-ci soit récente. Sont définis la liste des algues utilisables en France, les critères microbiologiques et toxicologiques, la durée de conservation ainsi que l’étiquetage.
 

1. Les algues autorisées

La liste des algues autorisées est en évolution permanente depuis 1989. En 1997, un règlement européen relatif aux nouveaux aliments et ingrédients alimentaires est voté. Il s’agit du règlement CE N° 258/97 du Parlement Européen et du Conseil du 27 janvier 1997 [3]. Celui-ci précise entre autre que pour mettre sur le marché européen un aliment non traditionnel, il faut soumettre une demande à l’état membre dans lequel le produit sera commercialisé pour la première fois. L’aliment doit être évalué de telle sorte qu’il ne présente aucun danger pour le consommateur final et ne doit en aucun cas induire celui-ci en erreur. Après autorisation, si un état membre s’aperçoit qu’un aliment ou un ingrédient alimentaire présente des risques pour la santé ou l’environnement, il est en droit de demander son retrait du marché ou de restreindre son usage.

Le tableau 10 répertorie la liste des 20 macro-algues qui ont reçu un avis favorable pour être utilisées à des fins alimentaires [9].

 
Tableau 10 : Liste des macro-algues utilisables en France

Classification
Noms français et noms scientifiques
Algues vertes
  • Laitue de mer ou Ulva
  • Aonori ou Enteromorpha
Algues rouges
  • Dulse ou Palmaria palmata
  • Nori ou Porphyra (7 espèces ont été retenues)
  • Pioca ou Lichen ou Chondrus crispus
  • Agar-agar ou Ogonori ou Gracilaria verrucosa
Algues brunes
  • Ascophyllum nodosum
  • Fucus vesiculosus et Fucus serratus
  • Haricot de mer ou spaghetti de mer ou Himanthalia elongata
  • Wakamé ou Undaria pinnatifida
  • Kombu breton ou Laminaria digitata
  • Kombu royal ou Laminaria saccharina ou Laminaria latissima
  • Kombu ou Laminaria japonica
  • Atlantic wakamé ou Alaria esculenta
 

2. Les critères microbiologiques

Les algues peuvent elles aussi être contaminées par des micro-organismes.
La législation européenne fixe des critères microbiologiques dans le règlement CE n°2073/2005 de la commission du 15 novembre 2005 modifié par le règlement CE n°1441/2007 de la commission du 5 décembre 2007 [3]  applicables aux denrées alimentaires où il est défini deux types de critères :

  • Critères de sécurité lors de la fabrication qui fixent une limite microbiologique au-delà de laquelle une denrée alimentaire est contaminée et présente un danger pour le consommateur. Le non-respect d’un critère de sécurité alimentaire entraîne le retrait, le rappel, le retraitement ou le réemploi. Cette mesure est valable pour toutes les denrées alimentaires mises sur le marché européen et à celles importées de l’extérieur de l’Europe ;
  • Critères d’hygiène depuis la mise sur le marché jusqu’à la fin de durée de vie (dans des conditions prévisibles de stockage et d’utilisation), qui servent à la validation du procédé de fabrication. Le non-respect d’un critère microbiologique entraîne des actions correctives destinées à maintenir l’hygiène du procédé mais il ne permet pas de conclure que l’aliment est impropre à la consommation humaine.
Pour ce dernier critère, la France a émis deux avis [1] :

·         Saisine Afssa n°2006-SA-0215 relatif à la demande de création de documents de référence concernant des flores microbiennes principalement utilisés dans la plupart des filières alimentaires (excluant l’eau destinée à la consommation humaine) ;

·         Saisine Afssa n°2007-SA-0174 concernant les références applicables aux denrées alimentaires avec des informations complémentaires portant sur le plan d’échantillonnage, les recommandations générales sur les méthodes d’analyses et l’interprétation des résultats.

Pour les algues déshydratées vendues en sachet, ce sont les critères microbiologiques des denrées sèches qui s’appliquent [8]. Les limites à ne pas dépasser sont renseignées dans le tableau 11.
 
Tableau 11 : Critères microbiologiques pour les algues déshydratées

Micro-organismes
Limites à ne pas dépasser
Germes aérobies mésophiles
< 105 / gramme
Escherichia coli
< 10   / gramme
Staphylococcus aureus
< 102 / gramme
Bacillus cereus
< 103 / gramme
Clostridium perfringens
< 102 / gramme
Salmonella
Absence dans 25 grammes
 

3. Les critères toxicologiques

Les algues doivent respecter des recommandations en matière de concentration en métaux lourds et en iode.
Celles-ci sont définies soit par des avis soit par des règlements.
Concernant la teneur en iode et en arsenic inorganique, il faut se référer aux documents suivants [1] :

  • Saisine AFSSA n°2002-SA-0144 du 30 décembre 2002 relatif à une demande d’évaluation sur la teneur maximale en iode acceptable pour les algues alimentaires dans laquelle l’AFSSA (Agence Française de Sécurité Sanitaire des Aliments) propose une teneur en iode de 6 000 mg/kg de poids sec pour les Kombu avec un étiquetage spécifique et la réduction de la teneur maximale pour les autres algues de     5 000 mg/kg de poids sec à 2 000 mg/kg de poids sec ;
  • Saisine AFSSA n°2007-SA-0007 du 17 avril 2009 relatif à la teneur maximale en arsenic inorganique recommandée pour les algues laminaires et aux modalités de consommation de ces algues compte tenu de leur teneur élevée en iode dans laquelle l’AFSSA demande qu’il soit collecté des données sur les usages des algues en agro-alimentaire pour estimer leur contribution dans les apports en arsenic et en iode afin de définir de nouvelles recommandations sur la consommation de celles-ci. Dans l’immédiat,  la teneur maximale en iode conseillée est la même pour toutes les algues.
Concernant les concentrations en métaux lourds (plomb, mercure, cadmium, étain), le règlement CE n°1881/2006 de la commission du 19 décembre 2006 [3] portant fixation de teneurs maximales pour certains contaminants dans les denrées alimentaires modifié par le règlement CE n°629/2008 de la commission du 2 juillet 2008 [3] s’applique.
Ce règlement y inclus la teneur en cadmium des algues d’autant que celles-ci le fixent naturellement.
Le tableau 12 est une synthèse de cette réglementation afin de ne pas porter atteinte à la santé du consommateur.
 
Tableau 12 : Teneurs maximales en métaux lourds et en iode autorisées en France à ne pas dépasser

 
Pour les algues en mg/kg de poids sec
Arsenic minéral
3
Cadmium
0,5
Mercure
0,1
Plomb
5
Etain
5
Iode
2000

 
Une Dose Hebdomadaire Admissible (DHA) a été définie.
Pour le plomb, elle est de 1500 µg, pour le cadmium de 400 à 500 µg et pour le mercure de 300 µg [A7].
Cette dose étant considérée comme n’entrainant aucun effet toxique sur l’organisme humain même si l’absorption a lieu toute la vie.
 
4. la durée de conservation

Il n’existe pas de réglementation européenne particulière sur ce point.
En l’absence de législation, la réglementation générale des denrées alimentaires s’applique.
Si l’on considère que les algues sont des légumes, leur durée de conservation sera la même que pour les végétaux.
Le tableau 13 donne la durée de conservation des algues selon leur forme commerciale ainsi que les règles de stockage.

Tableau 13 : Conservation des algues selon leur forme commerciale

Forme commerciale
Date limite d’utilisation optimale (DLUO)
Stockage
Algues fraîches conservées au sel
3 mois
Froid positif entre 0 et +3C°
Algues en conserve au naturel
3 ans
Température ambiante
Algues surgelées
12 à 18 mois
Froid négatif  -18C°
Algues déshydratées
18 mois
Température ambiante

5. l’étiquetage

Le règlement n°1169/2011/CE [3] encadre l’information des consommateurs sur l’étiquetage des denrées alimentaires. Cette réglementation ne concerne pas les compléments alimentaires.
Les entreprises ont jusqu’à fin 2014 pour se mettre en conformité.
L’étiquetage devra préciser obligatoirement :

  • La dénomination de la denrée alimentaire ;
  • La liste des ingrédients lorsqu’il s’agit d’un produit transformé ;
  • La quantité nette ;
  • La date de durabilité minimale (DLUO : date limite d’utilisation optimale) précédée des termes « à consommer de préférence avant le….» ou « à consommer de préférence avant fin…. » OU la date limite de consommation (DLC) mentionnée comme suit : « à consommer jusqu’au…. » ;
  • Les conditions particulières de conservation et/ou d’utilisation ;
  • Le nom ou la raison sociale et l’adresse de l’exploitant ;
  • La mention « pays d’origine » : des informations complémentaires sont attendues pour le 13/12/2014 ;
  • Le mode d’emploi, lorsque son absence rendrait difficile un usage approprié de la denrée alimentaire ;
  • Les informations nutritionnelles au 100g ou au 100ml dans l’ordre qui suit : valeur énergétique (KJ/Kcal), lipides, acides gras saturés, glucides, sucres, fibres, protéines, sel (la teneur en sodium n’apparaît plus mais il est possible d’effectuer le calcul suivant : teneur en sel en mg/2,54 = teneur en Na en mg). Ces informations devront être affichées sous forme d’un tableau apposé sur l’emballage ;
  • La liste des allergènes.
 

REFERENCES

BIBLIOGRAPHIE

 [A7] Leyral, Guy et Vierling, Elisabeth. Microbiologie et toxicologie des aliments, 4ème édition. CRDP Aquitaine. Doin éditeurs, 2007. 288p.

 
SITOGRAPHIE

  • [1] http://www.anses.fr : Saisine Afssa n°2002-SA-0144, Saisine Afssa n°2007-SA-0007, Saisine Afssa n°2006-SA-0215, Saisine Afssa n°2007-SA-0174.
  • [3] http://europa.eu/legislation : Règlement CE n°834/2007, Règlement CE n°710/2009, Règlement CE n°258/97, Règlement CE n°2073/2005, Règlement CE n°1441/2007, Règlement CE n°629/2008, Règlement n°1169/2011/CE, Règlement UE n°231/2012.
  • [8] http://www.mapaq.gouv.qc.ca/fr/Publications/recueil.pdf : Lignes directrices et normes pour l’interprétation des résultats analytiques en microbiologie alimentaires.
  • [9] http://www.netalgae.eu/fr : Dossier « La filière des macro-algues en France », 2012.